Sciences2024 est un programme de recherche collectif dédié à l’accompagnement des athlètes français dans leurquête de titres aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. À l’origine du projet, une discussion avec Frank Pacard, directeur de l’enseignement et de la recherche de l’École polytechnique à l’issue de l’attribution des JOP 2024 à la France. Il y a 40 disciplines Olympiques et 20 disciplines Paralympiques. Si nous voulions nous impliquer dans les Jeux, nous devions donc être capables de traiter quelques centaines de sujets dans les six ans à venir. L’X ne pouvant mener seule un tel projet, nous avons décidé d’ouvrir ce programme de recherche à des partenaires académiques et militaires pour travailler ensemble sur cette ambition scientifique et sportive.
Pour répondre concrètement à votre question, je vais prendre deux exemples : en aviron, les rameurs doivent ramer de façon synchrone. Actuellement, c’est l’oeil de l’entraîneur qui les corrige si les corps ou les rames ne sont pas à l’unisson. Ce que demandent les entraîneurs, c’est que la science leur donne un outil de mesure de leur synchronicité. Cette quantification leur permettra de mesurer leurs progrès au cours du temps. Le second exemple est de nature différente : en course fauteuil, la question porte sur le choix des pneus : trop larges ils entraînent trop de friction. Trop fins, ils s’enfoncent dans le tartan de la piste et la friction est aussi importante. Entre ces deux limites il existe un optimum. Ce que demandent les athlètes, c’est que la science détermine cet optimum et leur donne ensuite une règle pour le trouver sur chacune des pistes sur lesquelles ils courent. Ces deux exemples montrent que la réponse des sciences ne sera pas unique mais sera fonction de la question posée par les sportifs.
L’objectif fixé par la ministre des Sports Laura Flessel est de doubler le nombre de médailles olympiques (de 40 à 80) et d’obtenir 15 médailles d’or aux Jeux Paralympiques. Pour atteindre ce but, tout va compter, y compris la science. Le premier objectif de Sciences2024 est de répondre aux questions des sportifs : de façon très concrète, les chercheurs de Sciences2024 se déplacent sur le terrain et discutent avec les sportifs (entraîneurs et athlètes) pour identifier les sujets sur lesquels les scientifiques peuvent aider. Ces questions sont ensuite traitées dans les laboratoires, et un retour est fait aux sportifs. Ce retour leur permet en général d’optimiser leur entraînement, leur matériel et in fine (avec un peu de chance) leurs performances. Les disciplines académiques mobilisées sont principalement la physique, la mécanique et les mathématiques. L’objectif final est aussi d’établir des liens durables entre la science et le sport. Avant les JOP de 2024, nous nous concentrerons sur les questions posées par les athlètes. Certains des projets développés dans ce cadre seront prolongés après les JOP, notamment par la création de start-up. Le programme ambitionne également de susciter des vocations scientifiques auprès des jeunes. Cela se fait par une action très concrète : concevoir et distribuer des mallettes pédagogiques pour les collégiens et lycéens afin de faciliter l’apprentissage de la physique et des mathématiques par le sport. Ce projet est porté par notre ambassadrice Roxana Maracineanu et développé avec des professeurs de classe préparatoire.
En raison de la place qu’occupent le sport et les sciences dans la formation de nos étudiants, l’École polytechnique a investi depuis huit ans dans la physique du sport et du handisport. Quand Paris a remporté les Jeux, nous étions prêts à relever ce défi collectif. Aujourd’hui Sciences2024 rassemble 11 grandes écoles, une cinquantaine de chercheurs et une centaine d’étudiants pour travailler sur les nombreux sujets que nous confient les sportifs.